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"Aucun humain n’est capable de comprendre ce qu’il se passe derrière les écrans : chaque jour, 82,2 ans de vidéo sont téléchargés sur YouTube ; 500 millions de tweets sont échangés, l’équivalent d’un livre de 10 millions de pages ! En 2014 déjà, l’écrivain a passé une semaine sur un porte-conteneur… Et ce qui l’a le plus frappé, c’était de constater combien chaque décision était prise par la technologie. Du grutier au capitaine, chacun recevait des instructions via des algorithmes de gestion, acceptés et respectés sans conteste par des professionnels compétents, quand bien même ces décisions ne se motivaient d’aucune explication. Ainsi, explique-t-il, le capitaine du bateau recevait régulièrement des courriels automatisés lui demandant de ralentir le navire, sans que la compagnie maritime lui en explique la raison. Comme si nous avions déjà lâché prise sur la motivation des décisions et l’explicabilité du monde…"
"Qu’importe, tant qu’il y a de la nourriture et des vêtements dans les magasins, de l’argent dans les distributeurs, des histoires sur notre Instagram…"
"Tout semble désormais se faire tout seul, sans avoir besoin de s’en inquiéter ! Pourtant, ces systèmes complexes peuvent tomber en panne. 2020 par exemple, a permis de constater combien les chaînes d’approvisionnement pouvaient être sous pression, entraînant leurs lots de pénuries."
"Ce texte n’a par ailleurs aucunement l’intention de nier le traumatisme produit par la cascade d’attentats et de crimes odieux perpétrés en France par certains fous de Dieu, en particulier depuis 2015. L’auteur, ancien professeur d’histoire dans le secondaire, ne peut que penser avec émotion et horreur au sort de Samuel Paty et partager la douleur du pays. Il a pourtant paru à l’historien que son rôle pouvait – devait – être de rappeler que tout phénomène de société a des racines dans le passé. C’est le cas pour les drames en cascade en cours."
"À l’ère des conquêtes et des « pacifications » coloniales, l’Église catholique reprit et amplifia son discours anti-islam. [...] Extraordinaire retournement du raisonnement : nous allons chez eux, nous tentons de leur imposer notre religion et, donc, de détruire la leur ; s’ils résistent, c’est qu’ils sont fanatiques…"
"En 1984 toujours, Le Nouvel Observateur lança une enquête auprès de ses lecteurs sur l’image des migrants. Au terme de l’enquête, son éditorialiste constata que la grande majorité des réponses, au lieu de porter sur les immigrés en général, évoquaient les… Arabes. « Voilà le fait majeur qui domine notre enquête tout entière. Marx disait du prolétaire du XIXe siècle qu’il avait toujours dans son entourage plus prolétaire que lui : sa femme. L’étranger qui vit en France aujourd’hui a toujours plus étranger que lui : l’Arabe », écrit alors Jacques Julliard (30 novembre 1984)."
La conclusion finale revient à Jean Jaurès qui a toujours gardé les yeux (et la raison ?) pleinement ouverts :
"“Il y a dans l’Histoire des événements analogues à ceux d’aujourd’hui : on les appelle les croisades”, on se demande si tout n’est pas calculé pour exaspérer l’islam, pour le jeter aux résolutions extrêmes, et si la propagande religieuse ne veut pas s’ouvrir par des moyens de force des champs d’action nouveaux comme le capitalisme colonial et aventurier. On ne peut s’étonner en tout cas que partout, de l’Inde au Maroc, le monde musulman s’émeuve » (L’Humanité, 3 octobre 1912)."
Et Alain Ruscio, l'auteur de ce passionnant article, à son tour : "Reconnaissons à ces formules une incontestable résonance contemporaine…"
"«La clé, ce n’est pas l’ordinateur ou la tablette voire un dispositif quelconque, mais le logiciel qui impliquera les étudiants, leur enseignera les concepts et leur apprendra à penser par eux-mêmes. Toutes les études vous diront que plus l’enseignement est interactif et personnalisé, plus les résultats de l’étudiant s’améliorent.»" Rupert Murdoch (!)
"« Si Benjamin et Thomas s’échangent un objet, ils repartent chacun avec un objet. S’ils s’échangent une idée, ils repartent chacun avec deux idées ». Le processus de pollinisation des idées est déclenché. Partout sur le territoire, des précurseurs ouvrent la voie. Pourront-ils devenir contagieux, pour servir la cause commune ? Comment ce processus peut-il s’inscrire, dans un modèle managérial ou communicationnel ?"
"La notion d’ « Internet-centrisme » est très parlante, mais elle a pour inconvénient de rassembler dans une même catégorie critique des acteurs aussi différents que Google, Apple, Microsoft, Red Hat, Kim Dotcom, les Anonymous, les militants du logiciel libre, les créateurs des Creative Commons ou les contributeurs à Wikipédia. En s’opposant, à juste titre, à la mythification de « l’Internet », Morozov en vient parfois à considérer ses opposants comme s’ils formaient un camp unifié. Ce n’est pourtant pas le cas. "
"L'idée, pour dépasser le capitalisme, est de "créer de la valeur d'usage autour du commun en favorisant les communautés de contributeurs autour de marchés éthiques, coopératifs, civiques. A terme il n'y aura d'ailleurs plus de distinction entre capital et travail, mais un production de tâches", estime Michel Bauwens."