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[...] une application parfaite de l’effet cigogne : expliquer un fait par un autre qui n’a aucun rapport. C’est confondre une corrélation, un événement A s’observe avant un événement B, avec une causalité, B se passe à cause de A (La Toupie). Lorsque deux événements se succèdent, cela ne signifie pas que l’un est la cause de l’autre. Ce raccourci cognitif peut être instinctif, mais potentiellement dangereux et à l’origine de fake news. Établir une causalité à tort peut servir à convaincre et manipuler à des fins de désinformation (VulgariScience).
Gerald Petit propose une analyse fine de la stratégie de conquête de cette bête de scène qui, homme d’affaires implacable le jour et machine de création la nuit, est en veille constante et ne manque pas une occasion de (se) produire.
Sinon, pour offrir, je veux bien les 3 :)) https://stayhappening.com/e/collection-ic%C3%94nes-debord-chaplin-et-prince-E2ISUCWOR7U
Jace et son célèbre Gouzou font partie du patrimoine de La Réunion, et de mon salon !!!
Jusqu'au 18 septembre !
Voilà voilà...
Du coté des populations, les thèses russo-chinoises, relayées efficacement dans les médias sociaux, ont d’autant plus d’influence qu’elles réactivent un sentiment anti-impérialiste et anticolonialiste qui couve depuis longtemps. Ni l’origine de cette guerre ni son déroulement ne sont vues de la même façon qu’en Europe ou aux États-Unis.
Les thèses occidentales sont jugées hypocrites de la part de des pays qui n’avaient pas hésité dans le passé à lancer leurs propres invasions (guerre en Irak notamment) et à rejeter les réfugiés du Moyen-Orient. L’opinion publique en Inde et en Indonésie est particulièrement sensible à cette thématique tiers-mondiste et anti-occidentale
On se souvient de l’enthousiasme du président philippin Rodrigo Duterte, qui considérait Poutine comme son héros préféré, avant de changer d’avis après le début de la guerre en Ukraine.
Hum, ce Duterte est le gars qui finance des milices qui assassinent les toxicomanes philippins. No comment :((
Camarades écouteurs, en mai, c'est la 1.000ème édition de La Planète Bleue ! Pour produire ces 1.000 émissions, soit un peu plus de 1.000 heures de programme, j'ai sélectionné pour vous plus de 10.000 titres de musiques innovantes originaires de tous les pays du monde, une multitude de morceaux inédits, introuvables, directement envoyés par des musiciens et des labels disséminés aux coins du globe.
Merci Yves Blanc et tes équipes de nous avoir ouvert à toutes ces musiques hybrides et sensibles !
un voyage parmi des individus et des collectifs en lutte, qu’il n’a cessé de photographier tout au long de sa carrière, invitant le visiteur à une rencontre avec l’autre dans ses combats.
Les blogs du « Diplo » > La pompe à phynance i 16
*"Fraude électorale**
par Frédéric Lordon, 19 avril 2022
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Umberto Boccioni, « Le Forze di una strada » (« Les Forces d’une rue »), 1911.
Qu’on s’entende : il ne s’agit pas de dire qu’il y a eu fraude dans l’élection. Il s’agit de dire que l’élection est une fraude.
C’est bien compliqué cette histoire car, en politique, on peut difficilement faire l’impasse sur les institutions, donc sur quelque forme de représentation. Donc sur quelque forme de désignation — d’élection. Or, qu’est-ce que la politique — quand elle n’est pas simplement la politique gouvernementale ? La politique, c’est du collectif en situation. Et qu’est-ce que l’élection (en tout cas la nôtre) ? L’élection, c’est l’émiettement des sujets politiques transformés en atomes par passage dans le bien nommé isoloir. Dans ces conditions, quand elle prétend être l’expression la plus achevée de la politique, l’élection n’en est que la défiguration. Rapportée à son objet qui est de « faire vivre la politique », l’élection est une fraude. Par définition, là où il y a de l’élection, il n’y a plus de politique sinon mutilée. En tout cas plus de politique qui ne soit institutionnelle, plus de politique vivante. Expérience de pensée : soit un événement ; il se passe quelque chose dans la rue, un mouvement, grand, puissant, qui ouvre une crise, profonde. On organise une élection pour en tirer le « débouché politique » : la chose meurt. C’est immanquable. Comme il y a des tue-l’amour, il y a des tue-la-politique : les scrutins.
Où aller pour trouver de la politique vivante ? Partout sauf dans un bureau de vote : dans un cortège qui prend la rue, dans une entreprise débrayée en AG, dans un amphi d’université occupée, sur un rond-point de « gilets jaunes ». Mais surtout pas dans un isoloir où, pour ceux qui ne comprennent pas bien, on se retrouve isolé — individuel, coupé de tout collectif.
Le collectif refoulé, et son retour
Lire aussi « Élections en France », Le Monde diplomatique, avril 2022.
Si la politique est, avant toute chose, du collectif en action, l’élection en est le refoulement. Mais, comme on sait, régulièrement le refoulé « fait retour ». Le plus souvent sous des formes méconnaissables. Quand les électeurs disent régler leur comportement sur les sondages, quand ils font le choix du « vote utile », ou quand ils reprochent à ceux qui ne veulent pas faire barrage de les « laisser faire le sale boulot à leur place », c’est à chaque fois le collectif refoulé qui revient, par l’invocation de figures d’interaction ou de coordination qui s’ignorent. Tous ces arguments sont des solécismes au regard de ce qu’est vraiment la grammaire électorale. Car l’interaction n’a de sens que dans du collectif. Or, par construction, la grammaire de l’exercice électoral ne connaît que des individus séparés, et les mutile de tout contact au moment le plus crucial : celui de la décision. Il est donc absurde de se référer à des coordinations collectives dans un exercice qui les interdit par construction.
Absurde mais inévitable. Car, pour être grammaticalement faux, ces arguments n’en disent pas moins quelque chose de vrai quant à la politique en son essence. Ils disent l’aspiration à du collectif qui, du fond de la séparation électorale instituée, continue de chercher ses voies — donc logiquement de tourner en rond et de se cogner la tête partout. Il suffit de voir dans quel état le premier tour nous a mis, pour ne rien dire du second.
Comme il y a des tue-l’amour, il y a des tue-la-politique : les scrutins
Doit-on pour autant considérer que toute élection est vaine par principe, en tout cas du point de vue de la gauche ? Mais d’abord qu’est-ce que la gauche ? Si l’on définit la gauche comme l’ensemble des forces qui contestent l’ordre social bourgeois, sauf miracle la réponse est oui : vaine, l’élection. On comprend en effet, assez logiquement, que, dans la « démocratie » organisée par l’ordre bourgeois, l’arrivée au pouvoir de forces contestant l’ordre bourgeois soit comme un rêve. C’est pourquoi les annales, en tout cas européennes, comptent si peu d’expériences de gauche parvenue par les seules voies électorales. Car il est bien entendu que cette définition de la gauche interdit d’y compter ni Mitterrand, ni Jospin, ni Blair, ni Schröder, ni même Tsipras (Hollande : rires enregistrés). Pour la gauche, l’élection en démocratie bourgeoise est comme une fête foraine négative : « à tous les coups l’on perd ». Alors on revisite l’histoire : Blum… — un miracle.
Lire aussi Serge Halimi, « Quand la gauche française triomphait des contraintes et bousculait les privilèges », Le Monde diplomatique, juillet 1997.
Mais les miracles disent aussi une vérité générale. Une élection redevient intéressante si elle crée une situation. C’est-à-dire une occasion qu’il revient à des forces concrètes, collectives, de saisir, pour en faire quelque chose — au-delà de l’élection même. Dans la situation « Blum », s’engouffre la grève générale, et il se passe 1936. Dans la (non-)situation « Mitterrand », rien. Et nous voyons, par différence, ce qui fait le « miracle électoral » : le relais par des forces non-électorales, précisément. Mélenchon, ça se tentait — mais averti de ce que la confrontation aux forces du capital était vouée à tourner à son (notre) désavantage sans l’appui d’un mouvement « bousculant ». Le plus pernicieux, en tout cas, dans ce qu’il faut appeler la croyance électorale tient au fait, non seulement de ne pas apercevoir la mutilation politique en quoi consiste l’élection, mais de nous faire incorporer son habitus de la dépossession et de la passivité au point de considérer que l’action cesse après le second tour — alors qu’elle devrait y commencer.
À cet égard, on reconnait infailliblement les « intellectuels » les plus incapables de penser la politique à leur adhésion passionnée à la croyance électorale. Dans un deuxième tour face à Le Pen, ils demandent à Macron de « parler », pour « faire un geste social fort » (Piketty), ou même juste donner « des preuves de respect » (Méda). Et ça leur suffira. Nous parlons tout de même du personnage qui a déjà à son actif le « grand débat » et la « convention citoyenne pour le climat ». Que le psychotique soit parfaitement à son affaire s’il s’agit de donner des mots sans aucun contenu de réalité ni aucune valeur d’engagement, qu’il n’ait fait que ça pendant les cinq années passées, qu’il en donnera autant qu’on voudra pour les cinq années à venir, c’est ce que les croyants de la « démocratie électorale », littéralement en train de se rouler à ses pieds pour qu’il leur raconte des histoires, s’acharneront à ne pas voir — le propre de la croyance, c’est qu’elle neutralise tout effet d’apprentissage. Au grand bonheur du cynisme politique : on peut leur refaire le coup tous les cinq ans, ils n’ont pas avancé d’un iota. Les prolos abstentionnistes ont semble-t-il mieux compris que ces universitaires ce que vaut la verroterie des mots en pantomime électorale.
Les constructeurs d’impasse
La situation de ce second tour, devenue répétitive en phase de crise organique, concentre alors au plus haut point les apories politique de la procédure électorale, et jette les gens au tréfonds de l’impasse, du désarroi et de l’angoisse — avoir à éviter un mal en n’ayant d’alternative que de choisir un autre mal est une situation propre à rendre fou. On leur fera difficilement reproche de s’en tirer comme ils peuvent. Même la ligne stratégique, normalement sûre, qui chercherait l’option laissant les moins mauvaises possibilités aux résistances et aux luttes, livre des indications de moins en moins claires — dans une lecture à l’aveugle, à qui attribuer l’élément de programme annonçant « la privation de droits civiques pour ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre » ? (réponse : Macron).
Dans un article qui sue la complaisance, le matraquage et la peur, Le Monde, non content de nous ripoliner l’officine islamophobe du Printemps républicain comme républicaine (au moment où La Voix du Nord nous apprend que certains de ses membres préparent Le Pen à son débat), Le Monde, donc, sonde la « collaboration » des préfets en cas de victoire de l’extrême droite, et mesure les risques d’« une remise en cause par morceaux de l’État de droit ». Comme si, après les blanchiments systématiques de l’IGPN, la nouvelle « norme » où les citoyens se trouvent de devoir exposer leur intégrité physique quand ils vont manifester, le traitement des migrants à Calais, et la loi « sécurité globale », l’« État de droit » n’était pas déjà sérieusement parti en « morceaux ». Le Monde raconte début mars la réception de François Sureau à l’Académie Française, mais a tout oublié à la mi-avril de ce que l’impétrant y disait de l’état des libertés publiques. Le Monde, qui a pour modèle et pour boussole The Economist, ne se souvient pas non plus que The Economist a classé la France de Macron dans la catégorie des « démocraties défaillantes ». On demande : depuis quand et depuis qui, au juste, « les morceaux » ?
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Sous différents prétextes, les libertés publiques régressent en France et en Europe. Face à cette spirale répressive, les contre-pouvoirs sont trop souvent complices ou impuissants. Cela n’empêche pas des citoyens et des associations d’organiser la riposte.
Tentant de nous convaincre (ça n’est pas trop difficile) que le programme de Le Pen est « fondamentalement d’extrême droite », Le Monde ne voit pas combien souvent, pour chaque ligne examinée, on pourrait mettre en face une saloperie déjà commise par le gouvernement Macron. Ni combien souvent, également, les associations et les ligues ont averti de ce que donneraient ces dispositions si elles venaient à « tomber dans de mauvaises mains ». Et voilà les mauvaises mains.
Si le journalisme de majesté avait deux sous de dignité, s’il avait surtout quelque éthique du vote éclairé, il n’escamoterait rien, rappellerait tout. Alors, lui qui jouit tant de sa fonction magistrale, il pourrait se donner le bonheur d’interpeller, magistralement, et pour une fois à bon compte. Il faut bien le dire, tout ce que le pays compte de précepteurs barragistes, escamoteurs par peur ou par « pédagogie », donne furieusement envie de leur désobéir, et depuis assez longtemps déjà. Eux aussi auront à répondre en cas de désastre. Voilà donc, comme si ça n’était pas déjà suffisamment odieux, au milieu de quoi il faut faire faire leur chemin à des décisions impossibles.
Si le journalisme de majesté avait deux sous de dignité, s’il avait surtout quelque éthique du vote éclairé, il n’escamoterait rien, rappellerait tout
Car nous savons aussi ce qu’il y a en face : la ruine (anti-)constitutionnelle du principe fondamental d’égalité, un État policier et raciste parachevé, la BAC en liberté dans les quartiers, et des milices fascistes jouissant d’une bénédiction encore plus étendue que celle du préfet Lallement. C’est-à-dire un appareil de force déjà fascisé jusqu’au trognon aux mains d’un pouvoir cette fois-ci authentiquement fasciste — au milieu de la désorientation, il reste quand même quelques points de repère fiables. Il y a des groupes à qui on n’ira pas faire la leçon abstentionniste : ils sont en première ligne et ils le savent — mais, symétriquement, qui oserait aller faire la leçon barragiste à Jérôme Rodrigues ? Le macronisme, lui y a laissé un œil, d’autres une main. Il vaut mieux abandonner les « leçons »... On conçoit qu’il y ait de grandes peurs. Elles sont terriblement bien-fondées. On conçoit aussi que faire obstacle aux effets en reconduisant éternellement les causes apparaisse comme une absurdité insoutenable à force de répétition. À la fin des fins en tout cas on ne compterait comme responsables d’une victoire de Le Pen que les électeurs de Le Pen. Et Macron, évidemment. Macron surtout. Enfin tous ceux qui ont si bien construit l’impasse.
Et maintenant ?
D’une manière ou d’une autre, le 25 avril viendra. L’élection de 2022 n’aura pas été totalement vaine si elle nous permet au moins de nous désincarcérer de la croyance électorale. On est moins sujet à la déception ou à la souffrance quand on a nourri moins d’illusions — et plus en état de rediriger ses investissements ailleurs.
Sans doute les institutions de la démocratie bourgeoise sont là, et nous devons faire avec, le cas échéant en prenant part à leur jeu. Pour certains, rien n’est plus urgent que de se précipiter dans les législatives après les présidentielles. Quand on appartient à des formations politiques qui, ne vivant que par les débouchés institutionnels, ont partie liée avec les institutions, la chose se comprend. On peut difficilement demander à des forces de débiner le jeu en vue duquel elles se sont constituées. Mais le propre des institutions, c’est de nous rendre captifs même quand on n’y aspire pas. Au reste, nous savons aussi que de temps en temps il peut en sortir un petit quelque chose : un rapport sénatorial McKinsey, un patron un peu rudoyé en commission (plus rare), l’apparition soudaine des auxiliaires de vie sociale par l’obstination d’un député heureusement excentrique. On dira que des gains résiduels valent mieux que pas de gain du tout, une grosse opposition parlementaire davantage qu’une petite — oui, d’accord.
Ce sera tout de même cher payé si c’est pour reconduire à l’identique la croyance électorale, avec ses angles morts et ses faux espoirs, au surplus dans une élection dont la capacité à créer une « situation » est à l’évidence des plus faibles. Si les institutions sont là, si pour partie elles s’imposent à nous, qu’au moins elles n’empêchent plus d’apercevoir que l’essentiel de la politique se tient en dehors d’elles. Et puis de nous préparer à ce qu’elles s’apprêtent à nous laisser sur les bras.
L’élection de 2022 n’aura pas été totalement vaine si elle nous permet au moins de nous désincarcérer de la croyance électorale.
Disons Macron. Macron réélu, l’épisode insurrectionnel est voué à se produire. Il aura lieu. Mais il aura lieu sous la forme d’une insurrection boueuse : avec du fasciste dans la rue. La question la plus urgente pour dès « après » est de savoir comment on fait pour clarifier une insurrection boueuse. Comment on fait pour la ramener à gauche — étant entendu qu’il faudra sans doute prendre le risque de s’y mêler pour ne pas abandonner le terrain ?
Il n’y a pas 36 manières de ramener à gauche une insurrection mélangée. Il y a au premier chef de l’ancrer dans les luttes sociales, dans les luttes salariales. Une insurrection tombe à coup sûr à gauche quand on en reformule les enjeux dans les coordonnées du conflit majeur, celui qui n’a jamais été aussi aigu et, paradoxalement, n’a jamais été aussi recouvert — au point que les « gilets jaunes », pour si admirable qu’ait été leur mouvement, n’en ont pas complètement trouvé les voies. Ce conflit majeur, c’est le conflit capital/travail, le conflit de classes, à potentialité révolutionnaire… par-là déserté des organisations institutionnelles.
Le retour de l’inflation a au moins pour effet collatéral de remettre au centre du débat la question du pouvoir d’achat, donc du salaire, donc de la manière dont il se partage dans la valeur ajoutée, de ce que certains patrons en gardent, et de ce qu’il s’agirait de rétablir quelques repères de l’obscénité. La misère matérielle et la souffrance morale ont deux causes : la situation salariale, l’appui des politiques néolibérales à la situation salariale. Qu’une insurrection éclate, et il faudra la convaincre de s’orienter d’après ces deux causes.
Lire aussi Frédéric Lordon, « Pour favoriser une entente des luttes », Le Monde diplomatique, mars 2021.
Non pas sous la gouverne d’une idée abstraite, mais d’après le rassemblement des luttes concrètes qui, entre conflits salariaux et fermetures, ne manqueront pas. Et dont la mise ensemble aurait pour vertu d’accéder, en actes, à une généralité, celle que les directions syndicales repoussent à toute force de peur de se voir entraînées « sur le terrain politique », à savoir qu’en société capitaliste la politique n’a, en effet, pas de lieu plus central que le conflit de classes, disons même le conflit contre le capital. Et que les luttes sociales « de sites », aussi bien que les initiatives des militants du climat, n’en sont que les multiples expressions. À ce stade, l’extrême droite, en laquelle seuls de parfaits imbéciles peuvent voir une alliée « sociale » des classes populaires, a déjà bien décroché.
Mais il faut désormais compter avec une donnée nouvelle, et d’importance. Si, comme l’avait fait le comité Vérité et justice pour Adama avec les « gilets jaunes », comme l’ont fait les banlieues en se mobilisant massivement pour Mélenchon, si les quartiers reviennent en force dans la politique générale, déboulent dans un éventuel mouvement, en épousent les revendications matérielles — ils les partagent au premier chef —, y apportent leur agenda politique propre — une visée de l’émancipation ne peut que l’adopter à son tour —, que restera-t-il cette fois à l’extrême droite dans un soulèvement qui prendrait ces caractères ?
Puisque la réponse est « plus rien, à coup sûr », nous savons selon quelles orientations, sinon clarifier une insurrection boueuse, du moins, si le cas se présente, tenir une ligne qui ne le soit pas. En tentant au surplus d’en faire la proposition la plus attractive.
Et comment on fait ça ? Certainement pas depuis les formations politiques institutionnelles. Encore moins hélas avec les directions syndicales. Davantage sans doute en reconstruisant sur le seul appui qui vaille — celui des bases, des maillages des quartiers et des conflits concrets — un front social, plus exactement un front indistinctement social et politique, par-là décidé à tenir ensemble ce qui n’aurait jamais dû être séparé. C’est-à-dire à faire de la politique avec les luttes sociales.
Frédéric Lordon
Quand la commande mdadm te sauve la vie sur un serveur monté à l'arrach il y a plusieurs années. Merci les manuels et merci à ceusses qui les maintiennent, en français de plus.
Cette page couplée à celles-ci :
pour l'esprit général : https://www.securiteinfo.com/blog-pour-hackers/blog/monter-une-partition-raid-sous-linux
puis : https://gparted.org/display-doc.php?name=help-manual&lang=fr#gparted-usage
et aussi : https://doc.ubuntu-fr.org/raid_logiciel
et le lendemain : https://frameboxxindore.com/fr/android/how-do-i-format-a-second-hard-drive-in-ubuntu.html
Ok ok, pour accompagner, et ne pas blâmer, il faut... accompagner. Mais la notion d'esprit critique est peu ou pas abordée, alors qu'au sujet de la parentalité"tout court", on a quand même pas mal de retour d'expérience depuis des millénaires. C'est dommage ce recul.
Une application simple de blocage d'appels qui vous aidera à éviter de répondre aux appels indésirables
en utilisant une base de données de numéros de téléphone participative.
Je referai un petit point sur son utilisation d'ici un mois...
Si vous n'utilisez pas OneDrive, voici comment le désactiver et supprimer son icône du volet de navigation de l'explorateur de fichiers de Windows 10.
Agronome
Ethnologue
Tiers-mondiste
Ingérable
Adorateur de la sieste
Un modèle en somme !
Pour ouvrir LibreOffice : Dites « Ouvrir LibreOffice ».
Pour créer un nouveau document texte : Dites « Appuyer sur Control N ».
J'en suis baba. OK, le logiciel de base coûte 75€ mais suite à la rencontre d'un utilisateur totalement novice "en informatique" et qui en plus à la "tremblotte compulsive", cette solution va lui permettre de consigner les différentes vies qu'il a eu sous forme de livre.
Pour enregistrer un nouveau document : Dites « Appuyer sur Control S ».
La boîte de dialogue Enregistrer Sous s'ouvre.
Dictez le nom de fichier. Dites « <fichier> point O D T ».Dites « Cliquer sur Enregistrer ».
La boîte de dialogue Enregistrer Sous se ferme.
« Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les écrans sans jamais oser le demander »
L’Ireps Nouvelle-Aquitaine et L’Agora·MDA sont très heureux de partager ce document réalisé au cours du
dernier trimestre 2021 et dont la vocation est de contribuer à la construction d’une culture professionnelle des
usages numériques juvéniles.
En effet, si les adolescents sont indéniablement les spécialistes des « boutons » et des services proposés par
leurs applications favorites, notre rôle de professionnel est de les sensibiliser, ainsi que leur famille, aux enjeux
sous-jacents.
Au contact direct de cette génération « connectée », votre quotidien vous oblige à comprendre le sens et
les usages du plus grand nombre, à accompagner les conséquences de certains mésusages mais surtout à en
connaitre les enjeux. Cette nouvelle mission éducative, à la croisée de la culture adolescente et des mondes
numériques nécessite pour chacun un effort de formation.
Perso, je suis fan des illustrations, et de la pluralité des propos. Et vous ?
La vérité, c’est que « la France de Macron » n’est qu’une petite chose racornie, quoique persuadée de porter beau : c’est la classe nuisible.
Ce verbe, superbe, comme un cliché de photo-reporter !
Car il est bien clair qu’il n’y a plus que la rue. Si « crise » désigne le moment résolutoire où les trajectoires bifurquent, nous y sommes. Quand tout est verrouillé et que la pression n’en finit pas de monter, il doit se passer quelque chose. Ce dont les forces instituées sont incapables, seul l’événement peut l’accomplir.
Intéressant de relire cet article en pensant au mouvement des gilets jaunes qui advient peu de temps après.
Qu'en sera-t-il de cette (non)élection de 2022 ? Et qu'adviendra-t-il après coup ?
Le néolibéralisme est une proposition autrement subtile dans laquelle le capital ne parvient pas à ses fins contre l’État mais par ses voies mêmes. La société est mise à disposition par l’État qui s’est mis à disposition. Et dans la porcherie, ça jouit très fort.
[...] la logomachie est une seconde nature pour les chaussures pointues qui sortent de Sciences Po ou de HEC. Or il y a un projet : faire de nous des sujets de la Firme.
GRUÏK GRUÏK, PORCHERIE comme chantait Béru, pouah !
Texte impeccable de Frédéric Lordon : en bouche, frugalité des vocables pour explosion des sens.
10 conférences auxquelles il suffit de s'inscrire. Le lien de connexion sera diffusé 8 jours avant chaque conférence.
Par exemple, Vrai ou faux ? :
- Les jeunes sont tous à l’aise avec les équipements numériques !
- Rien de mieux qu’un écran pour calmer son enfant !
*Les outils numériques facilitent la vie de tous les parents !
Dommage, ça ne parle pas de l'empreinte carbone de TiTok + Snapchat (mais ça marche aussi avec twitter et facebook)...
Le sociologue pourfend les mythes de la fin du salariat et du remplacement des travailleurs par les machines, montrant la continuité entre capitalisme « à l’ancienne » et « nouvelle économie » du numérique.
Juan Sebastian Carbonell est chercheur en sociologie du travail à l’ENS Paris-Saclay, où il participe à un projet du Groupe d’études et de recherche permanent sur l’industrie et les salariés de l’automobile (Gerpisa), réseau international interdisciplinaire de recherche sur l’industrie automobile, constitué au début des années 1990 à l’initiative de l’économiste Robert Boyer, du sociologue Michel Freyssenet et de l’historien Patrick Fridenson.
Sa thèse, réalisée entre 2012 et 2018 sous la direction de Stéphane Beaud et Henri Eckert, portait sur les « accords de compétitivité » signés entre patrons et syndicats du secteur automobile à la suite de la crise de 2008, portant sur l’organisation du travail, les rémunérations et le maintien de l’emploi. Il vient de publier un essai, Le Futur du travail (éd. Amsterdam, 192 pages, 12 euros).
Comment passe-t-on d’une thèse de sociologie à un essai aussi ambitieux, où vous décrivez les évolutions contemporaines du travail, et proposez les moyens de remédier à ses travers ?
Ce que j’ai pu observer au cours de mes enquêtes dans le monde du travail, ce que me disaient les ouvriers, les syndicalistes, les manageurs, les directeurs d’usine, mais aussi ce que dit la recherche en sociologie ne correspondait pas à ce que je pouvais lire par ailleurs dans les médias, dans le débat public, ou dans de nombreux essais qui ont eu un grand retentissement, comme La Fin du travail de Jeremy Rifkin (La Découverte, 1995), ou Le Deuxième Age de la machine d’Andrew McAfee et Erik Brynjolfsson (Odile Jacob, 2014). J’ai donc voulu diffuser auprès du grand public les résultats de la recherche scientifique sur le sujet, qui sont loin de confirmer la fin du salariat ou le remplacement technologique.
Enfin, si la pandémie de Covid-19 a en effet révélé les transformations du travail, ce n’est pas, comme on le répète à satiété, dans le sens d’une plus grande autonomie conquise grâce au travail à distance. Je crains au contraire que le futur du travail, loin du « monde d’après » fantasmé que l’on nous promet, ne ressemble étrangement au travail du « monde d’avant »…
Il est pourtant difficile de nier que le déploiement des technologies numériques ait un effet sur le travail…
Bien sûr, mais cet effet est complexe et contradictoire. Je distingue dans mon livre quatre conséquences de ce déploiement. La première est effectivement le « remplacement » du travailleur par une machine ou un algorithme qui reproduit sa tâche et se substitue donc à son poste de travail. Mais les trois autres conséquences sont tout aussi importantes.
La deuxième est la redistribution du travail, lorsque l’introduction de la technologie permet d’affecter le travailleur remplacé à d’autres tâches. Cela peut aller dans le sens d’une déqualification – « il faut que n’importe qui puisse faire n’importe quoi », comme le dit un technicien d’usine interrogé – mais aussi d’une requalification, lorsque le travailleur remplacé est formé à l’utilisation de la technologie – par exemple dans les usines les postes de « conducteur d’installation industrielle » –, ou que des postes sont créés dans les industries technologiques elles-mêmes.
La troisième est l’intensification du travail : la technologie ne permet pas toujours, comme on pourrait le croire, une simplification des tâches, mais au contraire les complexifie et les accélère.
La quatrième est l’accroissement du contrôle managérial sur le processus de travail, que les technologies rendent plus transparent, plus mesurable et donc plus facilement soumis à la surveillance hiérarchique.
Finalement, à l’échelle macroéconomique, les technologies détruisent-elles plus d’emplois qu’elles n’en transforment ou en créent ?
On peut le mesurer au niveau de chaque entreprise, ou plutôt de chaque établissement. Mais la réponse sera différente en fonction du secteur d’activité. Automatiser une activité de série, comme l’automobile, où il est possible de remplacer les tâches répétitives des humains par celles effectuées grâce à des machines, n’a pas les mêmes conséquences sur l’emploi que dans une industrie de flux, comme le raffinage ou la chimie, où l’automatisation n’enlève rien à la nécessité d’effectuer des tâches complexes nécessitant de nouvelles compétences.
La fameuse diminution du nombre d’emplois industriels en France n’est pas uniquement due à l’automatisation, mais aussi à la désindustrialisation et aux choix managériaux des directions d’entreprise en faveur du lean management, c’est-à-dire la réduction systématique du nombre de postes à production égale, ou encore aux restructurations et aux délocalisations. Les 200 000 emplois de l’industrie automobile française, sur les 400 000 qui existaient il y a dix ans, n’ont pas disparu : ils existent toujours, mais en Roumanie, au Maroc ou en Slovaquie.
On se désole de l’effondrement des effectifs ouvriers dans l’automobile, mais pourquoi n’y comptabilise-t-on pas les ouvriers des usines de batterie, qui ne sont pas répertoriés dans le même secteur par la statistique ? Bref, les emplois ouvriers ne disparaissent pas, ils se transforment. Malheureusement, pas forcément en bien. La polarisation du débat sur la quantité d’emplois nous fait oublier de considérer la question de leur qualité.
Vous faites allusion à la précarisation croissante, à l’ubérisation, qui rogne peu à peu le statut du salariat ?
C’est ici que l’observation du travail réel donne sans doute le résultat le plus contre-intuitif, car tout le monde peut connaître ou observer cette montée du précariat. Or, les chiffres ne confirment pas du tout cette impression de fin du salariat, ou de remplacement du statut de salarié par l’emploi précaire. Entre 2007 et 2017, malgré dix ans de crise économique, la part de l’emploi en contrat à durée indéterminée dans l’emploi total est restée à peu près stable en France, passant de 86,4 % à 84,6 %. Il n’y a pas eu d’explosion de la précarité.
De même, la durée moyenne de l’ancienneté dans l’entreprise, malgré les plans sociaux, les restructurations, les licenciements, est restée à peu près la même. Elle a même augmenté durant les périodes de crise, pour une raison bien simple : on ne cherche pas un autre emploi quand la conjoncture est mauvaise. Et c’est exactement l’inverse quand elle s’améliore : ce qu’on présente aujourd’hui comme le phénomène inédit de la « grande démission » est simplement le signe que la conjoncture s’améliore, permettant comme à chaque fois dans une telle période une plus grande mobilité sur le marché de l’emploi.
Mais cela ne veut bien sûr pas dire que la précarité n’existe pas ! Seulement, elle est extrêmement concentrée sur des catégories précises : les jeunes, les femmes, les immigrés, dont la durée d’accès à l’emploi stable s’est considérablement allongée. Ce sont eux les précaires, pas l’ensemble des travailleurs.
Le véritable problème du salariat n’est pas la précarisation, mais les transformations du salariat lui-même, attaqué en son cœur pour tous les travailleurs. Ce que l’on observe aujourd’hui dans la réalité du travail, c’est l’accroissement des horaires flexibles et atypiques (la nuit, le week-end), la multiplication des heures supplémentaires, et la stagnation voire le recul des rémunérations, avec l’accroissement de la part variable liée aux résultats de l’entreprise ou du travailleur lui-même. En cela, oui, la situation des salariés s’est détériorée.
Ces mutations ne s’incarnent-elles pas dans la situation de ce qu’on appelle les « nouveaux prolétaires du numérique », qui travaillent pour les GAFA et les plates-formes comme Uber, Deliveroo, etc. ?
Il faut relativiser ce qui serait une « radicale nouveauté » du travail de ces personnes. Tout d’abord, elles ne sont pas si nombreuses : les plates-formes n’emploieraient en France, selon l’OCDE, que 1 % à 6 % de la population active – la fourchette est large car une même personne pouvant travailler pour plusieurs d’entre elles, il y a un nombre indéterminé de doubles comptes. Et surtout, leur modèle économique est extrêmement fragile, car il repose essentiellement sur la docilité de ces travailleurs ; or leurs luttes pour de meilleures rémunérations et conditions de travail, ou la simple application du droit, sont de plus en plus fréquentes. Car ces travailleurs ne sont finalement pas si éloignés du salarié classique.
Le numérique a en fait créé de très nombreux emplois d’ouvriers dans la logistique. Les entrepôts sont la continuation des usines du XXe siècle en matière d’organisation et de nature des tâches effectuées. Il s’agit de vastes concentrations de travailleurs manuels en un lieu unique ; mais au lieu de fabriquer des objets, ils les déplacent. Le secteur de la #logistique emploie aujourd’hui en France 800 000 ouvriers (hors camionneurs), à comparer aux 190 000 salariés de l’automobile.
Mais s’agit-il pour autant d’une nouvelle « classe ouvrière », partageant une culture, une identité commune ?
La notion de classe ne se résume pas en effet à l’affectation à un type de travail donné. Mais l’historien britannique Edward Palmer Thompson [1924-1993] a montré que ce n’est pas l’appartenance de classe qui produit une culture, des luttes sociales et une « conscience de classe », mais les luttes qui produisent cette culture et cette conscience. Il y a donc une continuité manifeste entre le capitalisme « à l’ancienne » et la prétendue « nouvelle économie » du numérique : les salariés des entrepôts d’Amazon, les « partenaires » d’Uber ou de Deliveroo, et même les microtravailleurs d’Amazon Mechanical Turk, de Facebook ou de Google, payés quelques centimes par clic et dispersés partout dans le monde, luttent aujourd’hui pour améliorer leur rémunération et leurs conditions de travail, comme le faisaient les ouvriers de l’automobile au XXe siècle. Même s’ils ne sont pas en CDI.
Dans votre livre, vous critiquez les propositions visant précisément à améliorer, face aux employeurs, la position des travailleurs précaires – comme le revenu de base – ou celle des salariés en général – comme la cogestion. Pourquoi ?
Le revenu universel est selon moi une « solution » individualiste, qui fait passer le travailleur de la dépendance de l’employeur à celle de l’Etat. Il affaiblirait la capacité de lutte collective, qui seule permet d’obtenir de meilleures rémunérations et conditions de travail. C’est le collectif de travail qui a le potentiel politique subversif capable d’imposer un rapport de force dans la relation de subordination qu’est, de toute manière, le salariat. Quant à la cogestion, elle couronnerait le type de lutte que les syndicats ou la social-démocratie ont menée au siècle dernier, mais cela ne donnerait pas d’aussi bons résultats que par le passé dans le monde actuel.
Aujourd’hui, il s’agit d’émanciper les travailleurs du travail tel qu’il leur est imposé, et je soutiens pour cela une proposition positive, qui pourrait fédérer le mouvement social : la réduction pour tous du temps de travail à 32 heures. Il faut libérer la vie du travail, augmenter le temps dérobé à l’emprise des employeurs.
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Revue Nouvelle | Revue de l'Enfance et de l'Adolescence 2021/2 | Cairn.info
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