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« (C)ette “Légalité coloniale”, cet “Ordre républicain”, permet toutes les injustices », écrivit le leader indépendantiste kanak Éloi Machoro dans une lettre en date du 15 janvier 1983. Deux ans plus tard une balle républicaine lui trouait le sternum – « La France entend maintenir son rôle et sa présence stratégiques dans cette partie du monde », précisa Mitterrand sans tarder. Machoro y ajoutait : « (N)ous constatons que les Gouvernements changent mais que les hommes qui nous gouvernent de Métropole sont tous les mêmes. » De fait : tous les libéraux sont gris dans la nuit coloniale.
L’empire tarde à crever ; il faut l’aider. Ce serait là un geste démocratique. Et ça commence par écouter ceux qui en souffrent et mettent en garde contre le feu. Les écouter et les soutenir. « (L)es Kanak sont quantité trop négligeable devant l’opinion pour qu’on se risque à prendre des positions tranchées en leur faveur », notait Éloi Machoro dans cette même lettre. Quarante ans ont passé. L’empire a depuis perdu de sa superbe – les flics seront bientôt les derniers à l’astiquer. Çà et là se lève le drapeau kanak aux côtés du drapeau palestinien. Le vent les fait battre comme une évidence. L’empire toutefois s’entête : il veut que l’ordre règne. Son vieil ordre de mort. Mais les peuples écorchés ont toujours eu le souffle long. Longue vie à Kanaky.
Une définition de ce qu'est l'irrédentisme en introduction de cet article pause justement le contexte de l'agression en cours.
[...]les deux crises sont structurées par l’irrédentisme de ces deux États semi-impériaux, ou post-impériaux, que sont la Russie et la Chine — l’irrédentisme étant l’incapacité d’un État à accepter qu’un territoire qui jadis fut partie du sien n’en fasse plus partie aujourd’hui, incapacité qui se traduit par une volonté obsessionnelle d’annexion, dont vont découler la plupart des autres caractéristiques du conflit.
Éclairante cette expression de surimpression mémorielle. Outil bien commode quand il s'agit de convoquer des phantasmes fallacieux.
Ce qui est recherché ici est une surimpression mémorielle à des fins justificatives. Pour cela, Vladimir Poutine choisit d’écrire un long article historique, quand la Chine populaire se fait au contraire toujours extrêmement peu diserte sur l’histoire de Taïwan dans ses publications officielles – de peur de dévoiler ses mensonges historiographiques. Il n’empêche, dans les deux cas, l’histoire est totalement tordue pour lui faire dire ce que tout, sinon, contredit.